© ALAIN MONTEAUX - autoédition MATUS 87 - LIMOGES FRANCE.
Les Petits Accordéonistes de Montjovis (Photo Blanchon).
Le Cirque Municipal en 1928 (n° 624),
l'un des derniers clichés Tesson.
Et la suite ? Elle ne manque pas d'intérêt et vous pourrez la découvrir ici au fil du temps...
L’histoire n’est pas finie : 1930-1980
 

V. LES ANNÉES DE CRISE (1930-39)
 
L’époque n’est plus. La carte postale a perdu son âme. Les journaux illustrés, l’appareil photo, le téléphone prennent progressivement sa place. Le client aussi change…
En ville, quand le photographe sort son matériel, les passants s’éloignent comme effrayés à l’idée de figurer sur le cliché; à la campagne, on commence à se détourner de l’appareil. D’ailleurs le photographe n’insiste plus pour peupler ses vues. Le commerce impose des tirages de plus en plus volumineux afin de rentabiliser l’édition : tout ce qui peut contribuer à "dater" le cliché est donc malvenu. Le technicien recherche la scène intemporelle où seul figure le monument, le site, la rue déserte, habillés tout au plus des lumières électriques de la ville.
A partir de 1930, se généralise l’édition des cartes dans de ternes tons bruns, sur des cartons qui vont du gris à l’ocre et au jaunâtre, parfois franchement laids. A l’inspiration médiocre s’ajoute la mauvaise qualité d’impression. Maurice François, qui a racheté l’usine Tesson et la marque au Trèfle, poursuit surtout la production de photos industrielles en héliotypie, sans abandonner la CP. François est un technicien féru de technologie, pas un commercial. Il a l’expérience de la reproduction photographique pour avoir travaillé dans une imprimerie de la capitale, entreprise dans laquelle son rôle d’associé était tourné vers la production plus que vers la gestion. Sur Limoges, il poursuit pendant quelque temps la vente des cartes réalisées par Tesson et, fidèle à la tradition de la maison, se charge surtout d’imprimer sur commande, en héliotypie. Il conserve le trèfle de la marque inscrivant ses propres initiales à la place de celle du précédent propriétaire. Même si certains clichés sont intéressants pour la période 1930/1940, la majeure partie de sa production est réalisée en impression noire ou brun-sépia, parfois sur un papier jaune ocre, assez peu agréable à l’œil.
Ses concurrents, et ceux des quelques photographes et éditeurs de Limoges qui subsistent ou s’installent après 1930 – Photo Lux, Ménard, Blanchon ou Moris’s, réalisent la grande majorité de l’édition et des ventes; ils ne sont plus limougeauds, ils ont pour nom : CAP (Paris-Strasbourg), L. L. (Paris), La Cigogne (Vichy), Réal-Photo (Paris), CIM (Mâcon), etc.
- 1909 - Installation de la nouvelle usine Tesson rue Montmailler. Le trèfle MTIL est créé. A partir de 1908, Roger sillonne la France jusqu’à la Belgique et l’Espagne en auto. La concurrence fait rage. Maurice engage deux représentants et deux photographes qui secondent Roger dans son travail et passent, eux aussi, la plus grande partie de l’année sur les routes. La production dépasse largement les 100 mille cartes par jour mais le succès de l’entreprise, fruit des efforts des frères Tesson était à ce prix . La marque "Au Trèfle MTIL" couvre 75% du territoire français.
  - 1909 - Transfert de Champeaud et Terrasson avenue de la Gare. On engage du personnel (photographe, magasinier, représentant) et la prospection s’étend en 1910 à des départements plus au nord : le Cher, la Nièvre, la Saône et Loire. La demande de CP est énorme, le commerce de cire et cierges passe au second plan sans être abandonné. Une petite hirondelle noire, messagère des bonnes nouvelles – dont on distingue deux types successifs – remplace les initiales C&T.
  - 1912 - Le photographe Boureau est d’abord installé en 1906 boulevard de Fleurus. Il s’associe à J. Faissat en 1910 et partage deux adresses jusqu’en 1912, où il s’installe définitivement rue du Clocher. Il ouvre quelques années plus tard un atelier rue Jean Jaurès. Théophile Boureau développe son activité d’éditeur lorsqu’il succède à Faissat: il reprend des clichés de son prédécesseur sous sa propre signature puis y ajoute de nouvelles vues, sans numéro. A noter, sa contribution à  "Limoges Illustré", dont il assure fréquemment l’illustration des bulletins.
***
  A la fin de cette époque apparaissent des commerçants,  marchands forains ou industriels extérieurs à la ville (plus ou moins identifiables un siècle plus tard) et des marques d’éditeurs nationaux spécialisés dans les vues d’établissements scolaires. Les plus fréquents sont Bréger Frères, Tourte & Petitin, David & Vallois et Combier.
L'incendie de l'usine Tesson, en février 1916, fut une catastrophe économique pour l'entreprise. L'essentiel des machines fut sauvegardé mais le stock, le "compte en banque" fut détruit par le feu. (cliché Jové)
IV. LES ANNÉES FOLLES (1919-1929)
 
  - 1919 - L’éditeur parisien V. Porcher (qui signe V. P., Limoges) reprend les droits de Harari et sous-traite l’impression chez Collas.
  - 1919 - Roger Tesson se marie et va habiter Lourdes.
  - 1920 - Martial Jogand, photographe spécialisé dans la photo industrielle s’installe av. des Charentes. Jusqu'en 1926, il édite une série numérotée sur Limoges et un abondant reportage sur l’exposition de 1922.
  - 1920 - La Phototypie d'Art du Centre (PAC) 10, rue Aigueperse, édite une série générale sur Limoges, à partir de clichés de Sauvadet, de Boureau ou de Giroux ; l’éditeur renoue surtout avec la tradition des reportages en CP en éditant une série sur les Fêtes de J. d’Arc de 1921.
  - 1922 - Martial Faye, installé dans le studio « Artistic Photo » après la guerre, rue des Petites-Maisons, commence à réaliser des cartes au bromure d’argent consacrées à l’enseignement religieux, en particulier.
  - 1922 - Richard, libraire au 6 rue Mirebœuf fait éditer chez PAC une série générale sur Limoges à son nom.
  - 1925 - L’entreprise Tesson devient « Imprimerie d’Art ». Elle orne la façade de ses cartes publicitaires d’un majuscule "Éditions Artistiques". Maurice réutilise une bonne partie des vues de Limoges de son stock (la 4e série qu’il a publiée de 1916 à 1925). Il imprime une courte série en typo vert foncé avant de sortir sa dernière série sur Limoges, en 1926/7, dans le style de l’époque : phototypie pâteuse en marron sépia sur carton mince.
  - 1925 - Le libraire Ménard édite une série générale sur Limoges en sépia, ocre, bleu… Nous ignorons le nom de l’imprimeur.
  - 1926 - Champeaud & Terrasson impriment leur nouvelle série générale sur Limoges et les vues des villages du département en marron sépia. La construction et l’inauguration de la nouvelle gare des Bénédictins seront immortalisées dans ce style.
  - 1930 - Maurice Tesson prend sa retraite et cède son affaire à Maurice François, héliograveur.
  - 1910 - Harari éditeur inconnu dont les cartes sont abondantes. De 1910 à 1925, il édite cinq tirages successifs que l’on distingue par leurs dos différents.
  - 1912 - Unic.
  - 1912 - Jury Fils. Marchand forain, fait imprimer une série sur Limoges. Cartes assez fréquentes, non numérotées, rééditées jusqu’en 1918.
  - 1914/1918 - Les principaux éditeurs de Limoges sous-traitent à l’extérieur des travaux à façon. Boureau fait réaliser ses cartes par l’imprimerie Guionie de Toulouse, à partir de 1915. Harari et V.P. font appel à Collas de Cognac. L’imprimeur lyonnais Goutagny (B.G.) travaille pour le compte de C.T./L. (de 1915 à 1919), les Nouvelles Galeries commandent directement leurs séries à L. L., Jogand travaille avec une papeterie vosgienne après 1920…
  - 1916 - Incendie de l’usine Tesson. Après la remise en état, M. Tesson démarre sa quatrième et dernière série en NB signée de son trèfle seul (500 numéros sur Limoges).
  - 1916 - Premières séries L. L., vendues par les Nouvelles Galeries.
LES HIRONDELLES
Type II
Type I
Le magasin Champeaud et Terrasson (Ed. C&T).
Quel cartophile n’a pas rêvé d’un voyage dans le passé pour faire son marché au 19 avenue de la Gare ?
Publicité Boureau (1912)
Roger Tesson, photographié en 1982 par Guy Feinstein pour le "Club NEUDIN", à quelques mois de son centième anniversaire.
Le marchand de cartes postales, place Fournier. Peut-être l'éditeur Buscail & Troussel lui-même.
Un des logos de Jové.
Fut-il l'inventeur
de ces "smileys" qui ponctuent nos courriers informatiques ?
La voiture de Jean Jové, transformée en cinéma ambulant
pendant la Grande Guerre.
IV. L’ÂGE D’OR II (1907-1918)
 
  La concurrence généralisée s’impose aussi comme règle à Limoges. La production est plus diversifiée, plus lointaine, à Paris par exemple, pour les cartes d’établissements scolaires ou celles destinées aux magasins à succursales multiples.
  - 1907 - Buscail et Troussel de Lyon éditent leur belle série sur Limoges.
  - 1907 - Dartout a débuté en 1904, associé à C. Tharaud au 17 rue Pont-Hérisson. Les deux associés s’installent en 1906 au 2 rue Saint-Martial et 17 place de la République où, à partir de 1907, Gabriel continue seul car Tharaud s'oriente vers la porcelaine. A partir des archives de la maison et d’achat (?) de clichés anciens, il commence à éditer des cartes au bromure des sites de Limoges, modifiés ou disparus (1907-1908), puis des cartes en phototypie sur Beaune et ses mines, sur Landouge… A noter, sa collaboration photographique aux travaux de la Société archéologique et historique du Limousin, dont il est un membre assidu dès 1908. Il présente aussi, comme Jové, des projections filmées.
  - 1908 - Jové ouvre une boutique de photographe au 26, place de la Mothe, arrivant des Vosges. Premiers clichés non-signés en décembre 1908 (Altmayer, pour Tesson), mars 1909 (Attentat gendarmerie), juin (Fêtes J. d’Arc) et juillet (Kermesse). A partir de septembre (Incendie du Cirque), les clichés Jové portent sa marque, même quand il travaille pour d’autres éditeurs (Funérailles de Chénieux pour le Courrier du Centre en 1910). Pendant douze ans (1908-1920), il est le témoin engagé de la vie limousine. Il crée la revue Arts et Lettres fin 1912 (4 numéros parus). En 1919, il édite la série bromure La France Immortelle puis confie son affaire à Gaston Neyens et part s’installer à Pau.
  - 1908 - G. A. Georges Ardant, libraire-éditeur, 14 rue Pont-Hérisson et rue de la Terrasse. On lui doit une belle série en NB et en couleur, façon toilée ou glacée, non numérotée, signée « G.A., édit., Limoges » qui reprend les premiers clichés en noir de 1908.
  - 1908 - En 1908, s’ouvre au 9, rue de Paris, l’actuelle rue François-Chénieux, l’Agence Mario : Librairie papeterie, publications, cartes postales illustrées. Vente en gros et détail. Imprimés de toute sorte, entreprise générale de publicité et de distribution d’imprimés. Se lance dans l’édition des cartes postales en 1908.
  - 1908 - François Sauvadet, photographe, s’installe rue Adrien-Dubouché en 1903, débute la vente de ses cartes en 1908. Il travaille pour PAC et sans doute pour Richard. Il collabore aussi à la revue Limoges Illustré.
  - 1908 - Séries "de luxe" éditées par KD de Paris.
  - 1908 - Rachat par les frères Tesson, à une entreprise parisienne (la S.I.P.), d’un matériel plus performant.
  - 1909 - Le Courrier du Centre commence à éditer ses propres cartes avec des vues de Limoges et un reportage sur les Fêtes de Jeanne d’Arc, suivi en 1910 d’une série sur la kermesse de la Clef des Champs. Il faut attendre 1912 pour que soit terminée l’édition de la série générale sur la Haute-Vienne (380 vues dont 175 consacrées à Limoges).
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